Ubisoft : la santé des salarié.es doit passer avant le mythe du génie créateur

Communiqué de la section syndicale STJV d’Ubisoft Montpellier, avec le soutien des sections syndicales STJV d’Ubisoft Paris, Ubisoft Bordeaux, Ubisoft Annecy et Ubisoft Ivory Tower

Des informations ont filtré en externe concernant un ancien employé ayant quitté Ubisoft alors que l’existence d’une enquête interne le concernant était révélée dans la presse. Il est impliqué aujourd’hui sur un projet en « phase d’exploration » en tant que consultant externe. Cette situation soulève des interrogations sérieuses sur la sécurité des travailleurs et travailleuses, particulièrement face aux risques psycho-sociaux. Ces interrogations sont régulièrement remontées depuis plusieurs mois en interne, sans réponse satisfaisante, selon nous, de la part de notre direction.

Nous, membres des sections syndicales STJV d’Ubisoft, apportons notre plein soutien à l’ensemble des salariés confrontés à une situation pouvant les exposer à des risques psychosociaux et les invitons si iels le souhaitent à prendre contact avec nous via les adresses suivantes :

Nous précisons que nous garantirons l’anonymat à tout salarié en faisant la demande.

Votre mobilisation est indispensable pour que nous puissions mettre en place les mesures nécessaires pour préserver votre santé et sécurité.

Cependant, l’enjeu majeur n’est pas le retour d’une personne en particulier, mais la confiance que nous pouvons tous·tes accorder aux processus de signalement interne d’Ubisoft, en particulier dans les cas où ceux-ci n’incluent aucun·e représentant·e du personnel. Quelles garanties avons-nous que demain, d’autres personnes mises en causes ne retravailleront pas avec Ubisoft par des dispositifs similaires ?

Il nous semble plus qu’urgent de revoir ces procédures, et qu’Ubisoft prenne des engagements fermes sur la prévention des cas de harcèlement et s’y tienne.

Il est vital de sortir de la croyance selon laquelle des personnes seules sont indispensables à la réalisation d’un projet.

Plus que jamais : les jeux sont le fruit du travail collaboratif des travailleur·euses, et non le fait d’un ou deux « talents ».

Appel à la grève pour les entités françaises d’Ubisoft les 15, 16 et 17 octobre 2024

La direction vient d’annoncer sa décision d’imposer un retour au présentiel à hauteur de 3 jours par semaine pour toutes et tous. Ceci sans aucune justification étayée ni consultation du personnel.

Après plus de cinq ans à travailler efficacement dans le cadre actuel de télétravail, nombre de nos collègues ont construit ou reconstruit leur vie (vie de famille, logement, parentalité…) et ne peuvent simplement pas revenir aux conditions précédentes. Notre employeur le sait parfaitement. La conséquence de sa décision sera la perte d’emploi de nos collègues, la désorganisation des productions, et l’augmentation drastique des risques psychosociaux pour ceux qui restent.

Cette décision est annoncée immédiatement après l’échec des négociations concernant l’intéressement. À l’image des négociations salariales obligatoires de février : les propositions de la direction étaient inacceptables, les conditions de négociation étaient lamentables, et la direction est restée sourde aux revendications des différents CSE.

Afin d’exprimer notre colère, nous appelons tou·tes les employé·es d’Ubisoft en France à une première grève les 15, 16 et 17 octobre. Des lieux de rassemblements seront communiqués dans chaque studio pour la journée du 15.

Nous exigeons dans les plus brefs délais :

  • Un accord formel sur le télétravail issu d’une véritable négociation entre direction et syndicats, et non d’une décision arbitraire prise en amont plusieurs mois à l’avance. Qui garantisse à chaque personne de pouvoir choisir librement le nombre de jours à distance et leurs dates, décomptés au mois et non à la semaine.
  • Une augmentation immédiate de tous les salaires, en compensation de la baisse de notre niveau de vie de ces dernières années. Le rétablissement de l’intéressement à 60% des objectifs. La fin de l’inégalité salariale de genre et l’augmentation plus accrue des bas salaires.
  • La prise en compte réelle des avis des employé·es par la mise en place d’un dialogue social digne de ce nom par la direction d’Ubisoft, qui semble confondre dialogue et monologue.

Nous vous rappelons que vous bénéficiez d’un droit constitutionnel de grève, plus de détails ici: La grève dans le droit privé – STJV

Jusqu’à preuve du contraire, les jeux n’existent que grâce au travail des employé·es, et les bons jeux grâce aux bonnes conditions de travail.

Nous invitons nos collègues de tous les pays à se mobiliser également.

Le 14 février, Ubisoft en grève pour des salaires dignes

Ces dernières semaines avaient lieu les Négociations Annuelles Obligatoires portant sur les salaires dans plusieurs entités d’Ubisoft en France, et le STJV était bien évidemment présent. Malgré les efforts concertés des organisations syndicales pour trouver un compromis acceptable, les négociations se sont heurtées à un mur. Prétextant une politique de réduction des coûts purement arbitraire, la direction nous a proposé un budget d’augmentations inférieur à l’inflation, pour la seconde année de suite.

Un système de récompenses bien mal équilibré

Comment corréler ce mépris avec les exhortations de notre PDG à « gagner en agilité et en efficacité » ? Comment pourrions-nous accepter un niveau d’augmentations si bas quand l’entreprise se vante d’un second trimestre « bien au-delà de [nos] attentes », tout en voulant « rendre hommage à l’engagement exceptionnel des équipes » ? Ce système de récompenses nous semble bien mal équilibré.

Réduction de notre niveau de vie : pas un bug, mais une feature

La conclusion s’impose : la réduction de notre niveau de vie, pour les dirigeants d’Ubisoft, ce n’est pas un bug, c’est une feature. Qu’une entreprise qui continue à faire des bénéfices, malgré une direction multi-déficiente, décide de faire payer les employé-es pour augmenter ses profits est tout simplement inacceptable. C’est pourquoi nous invitons en commun avec les autres organisations syndicales de lutte présentes chez Ubisoft à une grève, toute la journée du mercredi 14 février, pour toutes les entités françaises appartenant au groupe Ubisoft.

Si vous vous posez des questions sur les modalités selon lesquelles participer à une grève, vous pouvez vous référer à notre fiche pratique sur le sujet, ou contacter l’une de nos sections dans les différentes entités d’Ubisoft.