Mise en place d’une caisse de grève pour le mouvement social à DON’T NOD

La direction du studio DON’T NOD procède actuellement à ce qu’on appelle cyniquement un Plan de Sauvegarde de l’Emploi. Dans la pratique ça veut dire qu’elle a décidé de virer près d’un tiers de nos collègues. Cette même direction a été avertie à de très nombreuses reprises par la représentation du personnel que sa gestion de l’entreprise allait amener à une catastrophe. Maintenant que la catastrophe est là, leur réponse est de faire payer l’addition aux employé·es. Face à cette situation inacceptable, les travailleurs et travailleuses de DON’T NOD se sont déjà mobilisé·es par un débrayage le lundi 28 octobre et une journée de grève le vendredi 8 novembre et souhaitent continuer à lutter pour conserver leurs emplois.

Cependant, et contrairement à l’employeur, celles et ceux qui travaillent pour fabriquer les jeux ne peuvent pas faire payer leurs dettes par d’autres. C’est la raison pour laquelle nous faisons appel à la générosité de ceux et celles qui souhaitent nous soutenir dans notre lutte et permettre de pouvoir continuer à lutter en contribuant si vous le souhaitez à notre caisse de grève. Si vous y consentez, vous permettrez à davantage de nos collègues de pouvoir lutter pour la défense de nos emplois et pour rappeler à la direction du studio que la responsabilité de ses choix de gestion stupides n’est pas à chercher du côté des employé·es.

Pour participer à la caisse de grève, nous avons mis en place une cagnotte en ligne :

Utilisation de la caisse de grève

Afin de procéder en toute transparence voici la manière dont nous souhaitons utiliser cet argent :

  • Pour les personnes précaires qui demandent le soutien de la caisse de grève, il sera compensé leur salaire net par jour de grève (jusqu’à un maximum de 100 € par jour de grève)
  • Pour le cas plus général, nous répartirons équitablement les montants levés au pro rata des jours de grève déclarés (toujours dans la limite de 100 € par jour de grève)
  • Les jours de grève sont déclaratifs, nous n’imposons pas à quelqu’un de réclamer le montant maximum
  • Si le montant était trop faible, le STJV peut abonder la caisse de grève pour garantir un montant décent à toustes
  • Si à la fin du mouvement de grève des fonds restaient après répartition, ceux-ci seront reversés à la caisse de grève nationale du STJV pour servir à d’autres mouvements sociaux dans le futur

Lettre ouverte des travailleur·euses de Don’t Nod à la direction du studio

Nous reproduisons ci-après la lettre ouverte écrite par les travailleur·euses de Don’t Nod, à leur demande. À l’heure actuelle (7 novembre à 12h30), cette lettre a été signée par près de 150 personnes du studio parisien, soit plus de la moitié de son effectif.


Cette lettre s’adresse à la direction de Don’t Nod ainsi qu’à ses salarié·es. Elle a pour but d’expliquer notre consternation vis-à-vis des décisions prises par le studio depuis plusieurs années, qui ont aujourd’hui mené à ce PSE.

Ce plan de licenciement qui prévoit de virer jusqu’à 69 personnes de l’entreprise, la direction le justifie par le « contexte économique difficile de l’industrie » sans se remettre elle-même en question. Or, en tant que travailleur·euses de l’entreprise nous savons que ces échecs sont dus à une succession de manquements et de mauvaises décisions de la direction. Nous tous et toutes alertons sur ces manquements depuis des années, sans que la direction ne nous écoute. Au final, c’est nous qui payons aujourd’hui le prix de ces décisions absurdes avec ce PSE.

Nous, salarié·es de Don’t Nod, sommes absolument contre l’application de ce PSE qui, bien loin de sauver l’entreprise, va en réalité la condamner.

Une spirale de décisions irresponsables 

Folie des grandeurs et stratégie court-termiste

La direction prend des décisions impulsives sans mesure des conséquences et sans vision à long terme :

Réorganisations constantes et contradictoires, annulation de projets en cascade. Depuis deux ans, nous avons assisté à de nombreux départs : directeur général adjoint, directeur de la production, directeur financier, directeur technique studio, business developer, directeur narratif, producteur exécutif, plusieurs game directors, et même dernièrement notre DRH, qui démissionne quelques semaines avant l’annonce de ce PSE après l’avoir nié pendant des mois.

En 2018, la direction de Don’t Nod décide d’entrer en bourse. En 2020 elle crée un nouveau studio à Montréal, en 2021 elle se lance dans l’autoédition, puis dans l’édition de studios tiers. En mai 2022 Don’t Nod annonce 6 lignes de productions simultanées en interne. Comment s’en sortir avec une telle folie des grandeurs ?

Ce chaos stratégique aboutit aujourd’hui à des suppressions d’emplois, dans une période où trouver du travail dans le jeu vidéo est particulièrement difficile.

Pourtant, Don’t Nod profite de financements publics conséquents : CIJV (six millions d’euros par an), CNC, et France 2030 auquel notre PDG a candidaté sans consulter les équipes concernées, pour un projet flou et vide de sens, promouvant notamment l’usage de l’IA générative.

Comment peut-on espérer faire fonctionner l’entreprise avec une direction du studio inconséquente, qui n’apprend pas de ses erreurs, bien qu’ayant déjà vécu un redressement judiciaire en 2014 ?

C’est nous, travailleur·euses, qui en subissons les conséquences malgré nos nombreuses alertes.

Une gestion dangereuse des équipes et des projets

La direction semble lancer des projets sans vision sur le long terme.

Cela cause de nombreux changements de direction des projets, le non-respect des scopes prévus, voire l’arrêt complet de projets. Ces changements incessants provoquent des pertes massives de travail, un épuisement des équipes, et des projets aux airs de créature de Frankenstein.

En février, suite à une enquête Qualité de Vie au Travail et après un rapport d’expertise externe, le CSE de Don’t Nod notait une stagnation du recrutement et une augmentation de la taille des projets. Pire encore, les profils intermédiaires et seniors sont remplacés par des profils juniors, et les contrats proposés de plus en plus précaires. De tout cela résulte une perte de connaissance et de productivité à l’échelle de l’entreprise. 

À l’inverse, les différentes réorganisations et annulations de projets ont parfois provoqué d’importants sur-effectifs sur de longues périodes. Certain·es d’entre nous ont passé plusieurs semaines sans affectation, par exemple suite à la suppression de la ligne Jusant. Des leads se sont retrouvé·es en doublons, et n’ont eu d’autre choix que d’accepter d’être « rétrogradé·es ».

Ces deux dernières années, quatre lignes de productions sur six ont été supprimées à Don’t Nod Paris, dont celle de Jusant. Or, démanteler une équipe, c’est démonter un savoir d’organisation et de compétences non applicables sur d’autres projets, ou à reconstruire entièrement. Pour la ligne de Jusant notamment, faire une suite avec la même équipe et les mêmes technologies aurait permis de surfer sur le succès du jeu, avec un coût largement réduit.

Dans la même veine, les postes « directeur·ices métiers » inter-projets ont été supprimés, portant un sacré coup à l’échange de connaissances et à l’harmonisation des pratiques entre les projets du studio dont iels étaient garant·es.

Le maintien au fil des projets des mêmes personnes aux postes clés mène à une « starification » de ces dernières. Cela débouche sur un manque d’écoute du reste de l’équipe, voire du mépris.

En conséquence, les équipes en pâtissent, les projets prennent du retard et perdent en qualité.

La réalité derrière une façade progressiste

Souffrance au travail

Il semble désormais évident que la direction et sa stratégie d’entreprise font passer la croissance et les profits avant les conditions de travail et la sécurité des emplois, malgré nos avertissements incessants.

Les virages stratégiques et artistiques des projets, voire la fermeture complète des lignes de production, provoquent une perte de sens et de motivation des équipes. Il est impossible de se projeter sereinement sur une production, de s’investir dans de nouveaux projets en sachant que ceux-ci ont toutes les chances d’être annulés.

Les équipes ont dû faire face à un sous-effectif de plus en plus prononcé, puis à la réduction d’évènements collectifs pourtant cruciaux pour un studio en majorité en télétravail. 

S’ajoutent à ça les problématiques de périodes intenses de rendu où les heures supplémentaires s’enchaînent, ou plus généralement une quantité de travail si lourde qu’elle nous laisse en flux tendu permanent.

En parallèle, depuis quelques années, nous observons une précarisation des emplois par la transformation de postes permanents en CDD, freelance et intermittence.

Certain·es salarié·es parmi les plus ancien·nes choisissent de quitter l’entreprise, fatigué·es de ne pas être écouté·es et de ne plus savoir comment rassurer leurs équipes. La direction ne fait rien pour endiguer cette fuite des seniors, n’annonçant aucune volonté d’amélioration des salaires ou des conditions de travail.

Bien qu’une enquête sur les risques psycho-sociaux ait été promise par le PDG il y a 8 mois, la direction s’en dédit alors qu’elle lance un PSE, et se contente de rediriger vers une ligne d’écoute psychologique via un numéro vert, une solution largement insuffisante et impersonnelle.

Culture et valeurs de l’entreprise

La direction s’illustre régulièrement par la grande légèreté avec laquelle elle traite de sujets pourtant très importants, se contentant de formules creuses et de dispositifs de sensibilisation contre les VSS et le racisme complètements désuets. En interne, la direction se cantonne au minimum sur tous les sujets liés aux personnes minorisées, en contradiction avec le message de nos jeux et de l’image publique du studio. 

Nous sommes pourtant encore très loin de la parité, et les femmes sont globalement à des postes subalternes (statut employée plutôt que cadre) et plus junior. Malgré des chiffres affichés proches de la moyenne nationale de 24% de femmes dans l’industrie, on constate une réalité qui diffère au sein des équipes de production, les femmes y étant largement sous-représentées. L’immense majorité des postes clefs du studio est occupée par des hommes, et il n’y a jamais eu une seule femme au poste de game director. Pourtant le studio canadien progresse sur ces sujets sans que ces avancées puissent être transposées à Paris, comme la mise en place du congé menstruel.

Le site web du studio précise pourtant que « Prendre soin les uns des autres est au cœur de tout ce que nous faisons et constitue le thème central de nos valeurs ».

Une direction hors-sol qui n’écoute plus personne

Mépris de la direction envers les travailleur·euses

Bien qu’elle prétende le contraire, la direction n’est pas à l’écoute des travailleur·euses. Elle ignore nos souffrances, répond aux questions qui lui sont posées de manière floue et tente systématiquement de se dédouaner lorsqu’un reproche lui est fait.

En 2023, une enquête en interne montrait qu’à peine 35% des salarié·es étaient en phase avec la direction stratégique. La direction donna pour seule réponse que les salarié·es ne comprenaient pas la stratégie et que cela serait résolu par une énième réorganisation. 

Cet usage constant de la langue de bois ne fait qu’accentuer le manque de transparence vis-à-vis des salarié·es qui ont le sentiment de ne pas être écouté·es, et pris pour des idiot·es.

Par ailleurs, la direction s’offre des cadeaux via des promotions, des primes, des actions ou encore des séminaires luxueux, tandis que, dans le même temps, nos salaires sont ridiculement bas et les contrats de plus en plus précaires.

Sabotage du dialogue social

Le CSE participe également aux remontées de terrain, aussi bien en réunion ordinaire que dans ses avis rendus. Systématiquement, la direction esquive, ou répond à côté avec arrogance, condescendance et infantilisation.

La direction fait comme si le CSE n’existait pas, laissant régulièrement leurs communications et les résultats de leurs informations-consultations pour lettre morte en dépit de l’obligation légale d’y répondre. Leurs autres prérogatives sont régulièrement bafouées ou nécessitent l’argumentation des élues, en particulier dès qu’il s’agit d’informer et consulter sur les sujets impactant les conditions de travail.

Pendant toute la période de l’annonce du projet de PSE en amont de la R1, seul le CSE était capable de répondre avec transparence et sans langue de bois aux salarié·es, alors que la direction pataugeait dans son récit.

Quel avenir pour Don’t Nod ?

Un PSE qui condamne l’entreprise

Le sous-effectif est déjà présent depuis longtemps dans l’entreprise et a même encore été relevé par la dernière enquête QVT. La seule réponse apportée par la direction étant le licenciement de près d’un tiers des salarié·es, cela ne peut être vu que comme une tentative destinée à rassurer les investisseurs.

De plus, cette perte ne se limitera pas à 69 salarié·es car viendra s’ajouter à cela le non-renouvellement des contrats courts en CDD, Freelance et intermittence. Comment espérer pouvoir sortir les projets dans ces conditions sans remettre en question leurs scope ou calendrier ?

Ces licenciements sans aucune autre forme de remise en question de la part de la direction ne font que confirmer sa volonté de continuer sa stratégie actuelle tout en mettant en péril les conditions de travail des salarié·es restants suite à ce PSE. Cela ne peut que déboucher sur d’autres PSE à la suite de ce premier, voire condamner définitivement l’entreprise.

Luttons pour notre Don’t Nod

Don’t Nod est l’une des rares entreprises de jeux vidéo à proposer du télétravail à temps plein, elle a pu proposer par le passé des contrats à durée indéterminée et défend une ligne éditoriale bien plus progressiste que ses concurrents. C’est pour toutes ces raisons que nous souhaitons nous battre afin que les valeurs de l’entreprise puissent un jour être à la hauteur de ses ambitions.

Il est nécessaire que la direction soit à l’écoute des salarié·es, reconnaisse avoir fait des erreurs et prenne enfin ses responsabilités afin de pouvoir apporter des mesures concrètes à tous les points soulevés dans cette lettre ouverte. 

Nous voulons sauver l’entreprise, mais pas au prix de licenciements injustifiés ou de conditions de travail dégradées.


Don’t Nod : appel à la grève le vendredi 8 novembre

Lundi dernier, plus d’une centaine de collègues ont montré leur détermination en débrayant plutôt que d’écouter la langue de bois de la direction. Aujourd’hui, les négociations rentrent dans le vif du sujet : la direction espère virer 69 collègues le plus rapidement possible.

Ce que nous voulons

  • Nous exigeons le renoncement immédiat de la direction à ce plan de licenciement irresponsable et injuste.
  • Nous exigeons que les employé·es, qui sont les personnes les plus compétentes, aient désormais voix au chapitre dans toutes les prises de décisions.
  • Nous exigeons la présence d’Oskar Guilbert dans les négociations, et qu’il assume ses responsabilités de PDG.

Vers une grève meaningful

Notre direction a démontré son irresponsabilité : nous en tirons donc les conclusions qui s’imposent.


Notre direction veut virer 69 collègues malgré des équipes déjà sous-staffées, et s’imagine pouvoir le faire de manière rapide, brutale, et sans contestation.

Elle ose même intimer à la délégation syndicale de ne pas perturber la production des jeux encore en développement.

Mais qui perturbe la production ?

Qui réorganise l’entreprise sans arrêt depuis 2 ans ?

Qui démantèle la ligne de production Jusant après son succès critique ?

Qui impose des ambitions irréalisables à des équipes sous-dimensionnées ?

Qui veut forcer à faire plus qu’avant, avec 30% des gens en moins ?

Don’t Nod, Do Strike

Ce projet de PSE est absurde, violent, et ne permettra pas de sauver notre entreprise.

Nous appelons donc nos collègues à poursuivre la mobilisation par une journée de grève le vendredi 8 novembre.

Plan de licenciements à Don’t Nod : appel au débrayage le 28 octobre

La direction de Don’t Nod Entertainment, menée par Oskar Guilbert et Julie Chalmette, a initié un plan de licenciement le 16 Octobre. Présenté comme nécessaire pour sauver l’entreprise, il s’agit en réalité de supprimer 69 emplois pour faire payer les frais de sa propre nullité crasse aux salarié·es.

Ce faisant, elle a lancé la négociation d’un accord de méthode qui déterminera les modalités de négociation pour le contenu du plan à proprement parler.

La direction entrave les négociations avant même qu’elles aient commencé

L’accord proposé par la direction, qui va être négocié prochainement, doit être qualifié pour ce qu’il est : un torchon.

  • Tous les délais sont réduits au minimum légal, pour ne pas laisser le STJV, le CSE et les expert·es mandaté·es faire leur travail correctement. Le calendrier est tellement bâclé que les expert·es sont censé·es rendre leur avis avant même la conclusion de l’accord avec le STJV, soit un avis incomplet et contraint par le temps – la date butoir prévue par la direction tombant au lendemain des fêtes de fin d’année, ce qui est irréaliste et irresponsable.
  • Les élu·es CSE et la délégation syndicale négociant le PSE ne disposent que d’heures de délégations fantoches, en très petite quantité, et entravées autant que faire se peut dans leur usage.
  • La direction refuse par avance des réunions supplémentaires avec le CSE en s’octroyant le choix unilatéral de la tenue de celles-ci.
  • Aucun canal de communication syndical n’est ouvert, et la direction nous cantonne à ceux existants, c’est-à-dire un tableau d’affichage dans les locaux et une page web enfouie dans l’intranet. Il est impossible d’informer près de 300 salarié·es dont 80% sont en télétravail avec ces moyens dérisoires.

De plus, la direction nous demande de signer leurs travaux amateurs dès lundi 28, afin d’expédier le PSE et entraver le travail du STJV et des élu·es CSE. Son objectif est de mener son plan de la manière la plus brutale et rapide possible en piétinant tous les contre-pouvoirs, pour coller à son planning de sortie de jeux.

La direction doit écouter la représentation du personnel

Il va sans dire que le STJV s’opposera par tous les moyens nécessaires à cette casse sociale, d’une ampleur jamais vue dans notre industrie. Derrière ces 69 postes, c’est également une énième réorganisation inepte (la 4ème en deux ans) qui s’annonce et menace l’ensemble des travailleur·euses de Don’t Nod à terme.

Nous exigeons donc que la direction revoie sa copie dans les meilleurs délais, notamment en prévoyant dans l’accord de méthode :

  • Que les heures de délégation supplémentaires soient laissées au bon usage des élu·es du CSE, conformément à l’usage qui est décrit dans son règlement intérieur et qui est respecté depuis son entrée en vigueur.
  • Pour toutes les réunions traitant du PSE (les R1, R2, R3 et R4 ; les réunions CSSCT extraordinaires ; ainsi que toute réunion supplémentaire) :
  • que les élu·es et suppléant·es soient dispensé·es de leur travail productif pour les deux jours précédant chaque réunion, sans que cela soit déduit de leurs heures de délégation, et ce pour pouvoir s’entretenir avec l’expert·e désigné·e et préparer collégialement les réunions du PSE ;
  • que les élu·es aient le droit de convier de fait une réunion supplémentaire, après un vote du CSE ;
  • que les expert·es, mandaté·es par le CSE et l’organisation syndicale, puissent participer à chacune de ces réunions pour assister pleinement les instances de représentation du personnel ;
  • que le délai pour rendre l’expertise soit rallongé, afin que celui-ci concorde avec le vote de l’accord majoritaire et le rendu de l’avis du CSE.
  • Pour la délégation syndicale, un total de 12h de délégation par réunion, distribué et utilisé de la même manière que prévu par l’accord de méthode sur les NAO 2024.
  • D’espacer les réunions de négociation de 48h minimum, pour permettre à la délégation syndicale de poursuivre son obligation de consultation démocratique de la section.
  • Qu’au même titre que pour les NAOs, la section syndicale dispose d’un canal de discussion dédié au projet de PSE, pour tenir informé·es les salarié·es sur l’avancée des négociations.

Toutes ces demandes sont plus que légitimes et se limitent à garder un semblant de dialogue social. Nous incitons la direction à revenir à des termes sérieux, respectueux de la démocratie et du dialogue social, et de cesser immédiatement de tordre le bras à des élu·es déjà épuisé·es par des années de mépris.

En conséquence, nous appelons les travailleur·euses de Don’t Nod à se mobiliser dès Lundi 28 Octobre par un débrayage de 16 à 18h, qui sera l’occasion pour Oskar Guilbert et la direction de l’entreprise de réfléchir à leurs responsabilités personnelles dans la situation présente, lors de la réunion générale « Espace d’échange bi-mensuel » à laquelle nous n’assisterons pas.

À Don’t Nod, le seul plan pour l’avenir est le plan de licenciement

Ce 16 Octobre, la direction de Don’t Nod a présenté un projet de plan de réduction des effectifs, pouvant supprimer jusqu’à 69 postes en CDI (soit 29% des effectifs du studio parisien). Cette annonce est le point d’orgue d’un enchainement de décisions catastrophiques dénoncées de longue date par les instances de représentation du personnel.

Un plan de sauvegarde de l’emploi jeté d’un revers de la main

Le 30 septembre dernier, devant l’ensemble du studio parisien, le PDG Oskar Guilbert a mentionné une annonce future concernant l’entreprise qui devait obligatoirement être présentée au CSE avant de pouvoir en parler aux salarié-es. Une semaine seulement après la communication financière de l’entreprise faisant état de pertes et dépréciations importantes, cette annonce a nourri les craintes et angoisses au sujet de la situation économique du studio, et in fine sur les emplois.

La réunion qui a eu lieu aujourd’hui, après 2 semaines d’attente dans l’inquiétude, s’est avérée être le point de départ d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), sans que le CSE n’en ait été informé dans l’ordre du jour, et sans aucun document fourni au préalable. Il s’agissait pourtant d’une réunion « R0 » y donnant droit selon le cadre légal.

Nous craignons fortement que l’amateurisme déjà constaté dans la conduite du processus mette à mal son déroulement et n’aggrave encore la détresse de nos collègues.

Un déni concerté et organisé

Les représentant·es du personnel de Don’t Nod alertent depuis plus d’un an sur la situation économique de l’entreprise, raison invoquée pour justifier ce plan social. A l’été 2024 encore, le DRH Matthieu Hoffmann affirmait au CSE qu’un PSE était hors de question. C’est pourtant ce que la direction présente 3 mois plus tard. M. Hoffmann a entre temps commodément démissionné du studio.

Les voyants sont au rouge depuis plusieurs mois : la supression de la ligne de production Jusant et la dispersion de son équipe sur les autres projets, la « mise en pause » d’autres projets non-annoncés, les départs de salarié·es de plus en plus nombreux chaque mois (y compris à des postes de direction), les échecs commerciaux des derniers projets…

Tout cela a été soulevé dans les avis du CSE sur la situation de l’entreprise, restés sans réponse depuis de longs mois. Que dire d’une entreprise sous perfusion de subventions publiques qui ne respecte même pas les processus les plus élémentaires fixés par la loi ?

La direction se cache derrière « la conjoncture économique » et « le marché très concurrentiel » pour excuser ses échecs, sans jamais remettre en question ses décisions inconséquentes, délétères pour le studio et les travailleur·ses.

Les craintes soulevées par le dernier communiqué ont été ignorées

Dans notre communiqué du 7 Février, nous dénoncions la réorganisation interne permanente laissant des équipes entières sur le carreau. Huit mois plus tard, cette réorganisation se révèle désavouée et inutile, exactement comme nous l’avions prédit.

Nous dénoncions également l’absence de dialogue social, l’impact de plus en plus élevé sur la santé des travailleur·ses, les entraves à l’exercice des mandats du CSE, ou bien encore l’organisation chaotique des productions. Rien n’a changé, si ce n’est l’ajout de ce plan de licenciement.

La section syndicale Don’t Nod, et le STJV dans son ensemble, ne peuvent tolérer que la responsabilité des échecs de l’entreprise soient rejetée sur ses salarié-es : nous les avions prévenu en amont, ils nous ont ignoré, accusé d’être trop agressif·ves pour dialoguer. Par ce PSE, ils instaurent un climat d’une extrême violence. Nous appelons toustes les travailleur·ses de Don’t Nod à se mobiliser dès maintenant pour la sauvegarde de leurs emplois et conditions de travail.

Face à une direction qui à décidé de se moquer de ses travailleur.ses, un mouvement social d’ampleur est nécessaire, comme celui engagé en ce moment à Ubisoft. A nous d’établir le rapport de force nécessaire pour sauver nos emplois. Il est hors de question de payer les fautes de nos patrons.


En complément, voici la déclaration lue à la direction de Don’t Nod par notre délégué syndical en ouverture de la réunion d’aujourd’hui :