Le 8 mars est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et minorités de genre. Elle célèbre les combats, historiques et actuels, des luttes féministes. Dans le jeu vidéo, milieu où prospèrent les violences sexistes et sexuelles, ces luttes sont nécessaires.
Partout, l’extrême droite prend du pouvoir pour imposer son projet de renforcement des dominations patriarcale, raciste et capitaliste. Partout, elle attaque nos droits : droits reproductifs, droits des femmes, droit des personnes queer, droits des personnes racisées, droit des enfants, droit des travailleur·euses, services publics d’éducation et de santé… La progression fulgurante des idées fascistes dans l’opinion et leur banalisation constante menacent directement nos vies.
Aux État-Unis, le gouvernement Trump supprime les droits des personnes transgenres et crée des camps de concentration pour les sans-papiers. En Italie, le gouvernement Meloni supprime la reconnaissance parentale des couples lesbiens. En Argentine, le gouvernement Milei supprime le sous-secrétariat à la protection contre la violence de genre. En Afghanistan, les femmes sont faites prisonnières dans des pièces sans fenêtres. Au Soudan, le viol est déployé comme arme de guerre. En Palestine, Israël perpétue un génocide contre toute la population. En Allemagne, les hommes votent en grande majorité pour un parti nazi.
L’industrie du jeu vidéo n’est pas étrangère à l’avancée constante de l’extrême-droite dans le monde. Les joueurs sont radicalisés par le biais du gamergate qui tente de se réimposer, en harcelant les joueur‧ses, streameur‧ses ou travailleur‧ses, en particulier quand elles sont des femmes trans. À côté, nos patron·nes ne disent rien contre les idées d’extrême droite, voir même les soutiennent !
Nos patron·nes et nos entreprises jouent un rôle actif dans la promotion et la banalisation des idées fascistes, dans la protection des auteurs de violences sexistes et sexuelles, dans la discrimination et l’exploitation des femmes et des personnes queer. Nous, travailleur·euses du jeu vidéo, sommes concerné·es et nous ne nous laisserons pas faire !
Les demandes des travailleur‧ses de l’industrie du jeu vidéo sont simples, et il est presque hallucinant de devoir les faire en premier lieu :
- les directions d’entreprises doivent réellement écouter les travailleur‧ses, et donc prendre au sérieux les remontées de leurs représentant‧es et respecter les négociations ;
- il faut mettre en place des processus concrets de récolte de données et d’informations, pour pouvoir les fournir ensuite aux représentant‧es du personnel ;
- ce deuxième point doit s’accompagner de la mise à disposition publique des statistiques et données non-personnelles, et en particulier de la mise en place de grilles de salaires ;
- pour empêcher la réduction au silence des travailleur‧ses, il faut créer de réels processus de remontées, alertes et enquêtes internes qui incluent les instances de représentation du personnel.
En bref et pour être clair‧es : nous exigeons des directeur‧ices d’entreprise qu’iels arrêtent de faire mine de se soucier des personnes de genres marginalisés uniquement pour s’en servir de marchepied pour l’image de leur entreprise, pour leur carrière personnelle ou pour maximiser les profits.
Comme nous l’affirmions dans un article de bilan sur notre industrie et notre rôle, la lutte contre les oppressions de genre passera par le syndicalisme. Cette affirmation est issue du constat que nos droits ne se conquièrent que par la lutte.
Les syndicats sont des espaces de lutte pour les droits des femmes et les personnes de genre marginalisé, qu’il s’agisse de créer des espaces de parole en non-mixité, d’accompagner juridiquement des victimes de violences sexistes et sexuelles dans les entreprises ou dans les lieux d’études, de contraindre les patron‧es à redonner du pouvoir aux salariées, de forcer l’égalité salariale, de stabiliser les carrières des personnes précaires, ou encore à saper l’autorité et le pouvoir des agresseurs et de celleux qui les protègent.
Face au projet ultra-libéral de l’extrême-droite et du gouvernement, nous demandons des vies dignes pour toustes, par la grève générale féministe !
En conséquence, le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo appelle à la grève dans le jeu vidéo le samedi 8 mars 2025. Nous appelons travailleur·ses, chômeur·ses, retraité·es et étudiant·es du jeu vidéo à se mobiliser dans les entreprises et à rejoindre les manifestations qui auront lieu partout en France ce jour-là.
Nous rappelons que cet appel couvre le champ d’action du STJV dans le secteur privé, et concerne donc toute personne employée par une société d’édition, distribution, services et/ou création pour le jeu vidéo quel que soit son poste ou son statut et quel que soit le domaine d’activité de sa société (jeux, consoles, mobile, serious games, VR/AR, moteurs de jeu, services marketing, streaming, produits dérivés, esport, création de contenu en ligne, etc.), ainsi que tout·es les enseignant·es travaillant dans des écoles privées dans des cursus en lien avec le jeu vidéo. Puisqu’il s’agit d’un appel national à la grève, aucune démarche n’est nécessaire pour se mettre en grève : il suffit de ne pas venir travailler.