À Don’t Nod, le seul plan pour l’avenir est le plan de licenciement

Ce 16 Octobre, la direction de Don’t Nod a présenté un projet de plan de réduction des effectifs, pouvant supprimer jusqu’à 69 postes en CDI (soit 29% des effectifs du studio parisien). Cette annonce est le point d’orgue d’un enchainement de décisions catastrophiques dénoncées de longue date par les instances de représentation du personnel.

Un plan de sauvegarde de l’emploi jeté d’un revers de la main

Le 30 septembre dernier, devant l’ensemble du studio parisien, le PDG Oskar Guilbert a mentionné une annonce future concernant l’entreprise qui devait obligatoirement être présentée au CSE avant de pouvoir en parler aux salarié-es. Une semaine seulement après la communication financière de l’entreprise faisant état de pertes et dépréciations importantes, cette annonce a nourri les craintes et angoisses au sujet de la situation économique du studio, et in fine sur les emplois.

La réunion qui a eu lieu aujourd’hui, après 2 semaines d’attente dans l’inquiétude, s’est avérée être le point de départ d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), sans que le CSE n’en ait été informé dans l’ordre du jour, et sans aucun document fourni au préalable. Il s’agissait pourtant d’une réunion « R0 » y donnant droit selon le cadre légal.

Nous craignons fortement que l’amateurisme déjà constaté dans la conduite du processus mette à mal son déroulement et n’aggrave encore la détresse de nos collègues.

Un déni concerté et organisé

Les représentant·es du personnel de Don’t Nod alertent depuis plus d’un an sur la situation économique de l’entreprise, raison invoquée pour justifier ce plan social. A l’été 2024 encore, le DRH Matthieu Hoffmann affirmait au CSE qu’un PSE était hors de question. C’est pourtant ce que la direction présente 3 mois plus tard. M. Hoffmann a entre temps commodément démissionné du studio.

Les voyants sont au rouge depuis plusieurs mois : la supression de la ligne de production Jusant et la dispersion de son équipe sur les autres projets, la « mise en pause » d’autres projets non-annoncés, les départs de salarié·es de plus en plus nombreux chaque mois (y compris à des postes de direction), les échecs commerciaux des derniers projets…

Tout cela a été soulevé dans les avis du CSE sur la situation de l’entreprise, restés sans réponse depuis de longs mois. Que dire d’une entreprise sous perfusion de subventions publiques qui ne respecte même pas les processus les plus élémentaires fixés par la loi ?

La direction se cache derrière « la conjoncture économique » et « le marché très concurrentiel » pour excuser ses échecs, sans jamais remettre en question ses décisions inconséquentes, délétères pour le studio et les travailleur·ses.

Les craintes soulevées par le dernier communiqué ont été ignorées

Dans notre communiqué du 7 Février, nous dénoncions la réorganisation interne permanente laissant des équipes entières sur le carreau. Huit mois plus tard, cette réorganisation se révèle désavouée et inutile, exactement comme nous l’avions prédit.

Nous dénoncions également l’absence de dialogue social, l’impact de plus en plus élevé sur la santé des travailleur·ses, les entraves à l’exercice des mandats du CSE, ou bien encore l’organisation chaotique des productions. Rien n’a changé, si ce n’est l’ajout de ce plan de licenciement.

La section syndicale Don’t Nod, et le STJV dans son ensemble, ne peuvent tolérer que la responsabilité des échecs de l’entreprise soient rejetée sur ses salarié-es : nous les avions prévenu en amont, ils nous ont ignoré, accusé d’être trop agressif·ves pour dialoguer. Par ce PSE, ils instaurent un climat d’une extrême violence. Nous appelons toustes les travailleur·ses de Don’t Nod à se mobiliser dès maintenant pour la sauvegarde de leurs emplois et conditions de travail.

Face à une direction qui à décidé de se moquer de ses travailleur.ses, un mouvement social d’ampleur est nécessaire, comme celui engagé en ce moment à Ubisoft. A nous d’établir le rapport de force nécessaire pour sauver nos emplois. Il est hors de question de payer les fautes de nos patrons.


En complément, voici la déclaration lue à la direction de Don’t Nod par notre délégué syndical en ouverture de la réunion d’aujourd’hui :

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