Devant l’urgence électorale face à la possibilité réelle que l’extrême-droite prenne le pouvoir en France, et avec le recul dont nous disposons aujourd’hui, le STJV prend position claire. Pour défendre les droits des travailleuses et des travailleurs, et pour défendre les droits fondamentaux (la liberté syndicale n’étant qu’un de ces droits !) que le RN et ses ersatz piétineraient sans vergogne, nous appelons à voter pour le Nouveau Front Populaire et, plus largement, pour les forces de gauche.
Il s’agit de repousser l’extrême-droite évidemment mais aussi les forces ultra-libérales coalisées autour de la personne d’Emmanuel Macron qui sont, au mieux, les idiots utiles du fascisme, et le plus souvent ses alliés objectifs.
Programmes et bilans
Du côté d’Emmanuel Macron, le bilan est on ne peut plus clair. Sous couvert de « centrisme », c’est une politique de destruction sociale qui a été menée tout au long des sept dernières années. En détruisant systématiquement les protections sociales (retraite, chômage) et en continuant une longue lignée de lois racistes (loi immigration), ce groupe politique n’a pas seulement construit les conditions d’accession au pouvoir pour le RN, il réalise une partie de leurs fantasmes au détriment de notre classe sociale.
Pour le RN, le constat est simple : malgré leur volonté de se prétendre une fibre sociale, c’est un bloc qui a voté contre l’augmentation du Smic, contre l’indexation des salaires sur l’inflation et contre la revalorisation des petites retraites. Au-delà du seul monde du travail, une partie du RN s’est aussi opposé à la constitutionnalisation de l’avortement, prouvant bien que leur soutien aux femmes n’est qu’une façade.
Qu’en serait-il alors de leur programme ? C’est simple, le RN est déjà revenu sur sa promesse de défaire la réforme des retraites, et leur prétention à augmenter les salaires ne serait appuyée que sur une suppression de cotisations sociales. Or, rappelons-le, nous bénéficions en France d’un système protecteur et bénéfique à toutes et à tous grâce à ces cotisations. Vouloir revenir dessus est un vieux gri-gri patronal (patrons qui, du reste, n’ont pas de scrupules à imaginer et se préparer à un éventuel gouvernement du RN) qui reviendrait à pousser à du chacun pour soi, à une société où le privilège individuel triomphe et où les moins bien lotis sont condamnés à survivre au mieux.
Mais plus grave et plus profondément, nous parlons d’un parti qui adoube des candidats souhaitant ouvertement faire sauter les contrôles démocratiques. Le RN n’est pas « juste » un parti anti-social, c’est un parti fondamentalement anti-démocratique qui souhaite jouer le jeu de l’élection pour prendre le pouvoir, mais ne donne aucune garantie de le respecter par la suite. Sa recherche constante d’ennemis intérieurs nourrit son racisme, et est typique de l’idéologie fasciste qui a présidé à sa création par d’anciens SS. Ne négligeons pas le risque tout-à-fait réel qu’une prise de pouvoir par le RN puisse être synonyme de répression intense envers les contre-pouvoirs nécessaires à la vie démocratique, comme c’est le cas (🇫🇷) aujourd’hui en Italie (🇬🇧) avec le parti-frère du RN (jusqu’à la similarité dans leurs logos) Fratelli d’Italia.
Pour une version plus détaillée, voir cette liste de la CGT et la brochure associée.
Que faire ?
La perspective d’une arrivée au pouvoir du RN est très certainement, on l’a vu, synonyme de menaces sur votre liberté d’être au sein de la société. Pour commencer, vous pouvez voter vous-même, faire une procuration pour quelqu’un de confiance si vous ne pourrez pas voter le 30 juin ou le 7 juillet, et éventuellement accepter une procuration si vous le pouvez. À ce sujet, nous avons publié un guide récemment.
Mais voter n’est qu’un point d’étape : l’élection n’est pas un rituel sacré ou un engagement total, et n’est certainement pas le seul moyen de faire front. Le fascisme grandit pendant et se nourrit des crises sociales, qui elles-mêmes naissent de l’affaiblissement du mouvement social. Pendant des décennies, cela a été la stratégie des dirigeants français, trop occupés à préserver leurs intérêts pour s’occuper de ceux des habitants du pays. C’est pourquoi, en parallèle de l’élection (qui reste un moment stratégique : historiquement, le fascisme s’installe par les urnes, même s’il rend ensuite caduc tout fonctionnement démocratique), il nous faut renforcer les forces d’autodéfense populaire, que ce soient via les associations d’entraide, via nos engagements locaux, ou dans les syndicats. La défense de notre classe sociale n’est pas l’affaire de quelques têtes pensantes, mais bien de nous toutes et tous.
Et ensuite ?
Quoi qu’il en soit, cette lutte ne sera pas une fin en soi. De même qu’en 2022 après l’élection présidentielle, quel que soit le résultat de ces élections législatives, nous devrons continuer à défendre nos intérêts, que ce soit contre des ennemis de classe (ultra libéraux ou fascistes), ou envers des alliés politiques qui, quelle que soit leur bonne volonté, n’auront jamais un blanc-seing de notre part. D’un autre côté, maintenons notre vigilance. L’extrême-droite se nourrit de l’économie médiatique du bruit qui noie leurs positions anti-sociales et haineuses, alors que l’information est disponible.
Ainsi, faisons de ce moment inquiétant et dangereux un point de départ nouveau pour nos engagements, pour enterrer une bonne fois pour toutes le spectre du fascisme !