Le 19 décembre, 6 employés de Eugen Systems ont été licenciés, soit un quart des effectifs restants de l’entreprise (21 personnes). Début 2018, l’entreprise comptait une cinquantaine d’employé·e·s.
Bien que les licenciements soient en apparence déconnectés du différend salarial qui oppose Eugen Systems à une partie de ses équipes, nous estimons qu’il s’agit d’un acte de représailles en prévention de la poursuite au prud’hommes intentée par 15 personnes travaillant ou ayant travaillé à Eugen Systems et soutenue par le STJV. L’audience pour cette première affaire devrait avoir lieu en mars 2019.
Le différend a débuté fin 2016 lorsque les équipes de Eugen Systems ont réalisé qu’elles étaient payées moins que le salaire minimum prévu par SYNTEC, convention collective en vigueur dans l’entreprise. Les employé·e·s d’Eugen Systems demandent alors un ajustement rétroactif de leurs salaires en accord avec la loi. Par exemple, un employé d’Eugen Systems titulaire d’un diplome bac+5 spécialisé en jeu vidéo et ayant deux ans d’expérience était payé environ 21 600€ brut par an. Dans sa situation, le minimum applicable est d’environ 28 200€ brut, ce qui est bien supérieur. Ces bas salaires sont particulièrement problématiques à Paris, l’une des villes les plus chères du monde.
Le 14 février 2018, après 15 mois de négociations n’ayant mené nulle part, la moitié du studio (21 personnes sur 44) décide de se mettre en grève après avoir reçu une énième fiche de paie inférieure aux revendications. La grève se terminera le 3 avril après un retentissement dans la presse internationale et une forte mobilisation autour des grévistes. Aucune avancée n’ayant été faite, le différend est amené aux prud’hommes.
Les six employés licenciés le sont au motif d’avoir dégradé l’ambiance ou tenu des propos insultants sur un chat privé dans une conversation restreinte. Tous les six avaient participé à la grève.